Musique classique, jazz, folk ou techno : chaque musique influe sur notre psychisme et sur nos comportements. En diffusant telle ou telle mélodie dans un cabinet médical, dans un réfectoire scolaire ou dans une salle de sport, les psychologues modulent nos réactions.

Mendelssohn : la mélodie de l’altruisme

Certaines musiques rendent-elles généreux ? D’autres égoïstes ? Les psychologues Rona Fried et Leonard Berkowitz, de l’Université de New York, ont fait écouter à des étudiants trois types de musiques : une musique calme, une musique stimulante et une musique jugée « désagréable ». La musique calme était Songs without Words, Opus 19 n°1 en Mi mineur et Opus 38 n°4 en La majeur de Felix Mendelssohn ; la musique stimulante était un air de Duke Ellington (One o’clock jump) et la musique perçue comme désagréable était Meditations de John Coltrane.

Après l’audition, chaque étudiant pouvait rentrer chez lui, mais au moment où il s’apprêtait à le faire, l’expérimentatrice lui annonçait qu’elle avait un service à lui demander : il s’agissait de l’aider à réaliser un travail commandé par un professeur de l’université ; elle prétendait avoir très peu de temps, et sollicitait de l’aide pour se tirer de ce mauvais pas.

En l’absence de musique, 60 pour cent des étudiants ont consenti à l’aider. Après l’écoute de Mendelssohn, ce chiffre a atteint 90 pour cent, la musique stimulante ne produisant pas d’amélioration notable, et la musique désagréable provoquant une baisse de 15 pour cent des bonnes volontés. On sait par ailleurs qu’une humeur positive activée par des stimulus extérieurs favorise l’assistance à autrui, tandis qu’une humeur négative a des effets contraires. La musique intervenant sur l’humeur, les chiffres seraient expliqués par cet amorçage de l’humeur.

Autre explication : la capacité de la musique à renforcer les relations sociales. La psychologue Maria Regina et ses collègues de l’Institut de psychologie de Saõ Paulo au Brésil ont révélé que lorsque des enfants écoutent des chansons typiques de différents pays (Petit papa Noël, Douce nuit, etc.), ils se parlent plus et jouent davantage ensemble. D’autres études ont révélé que la musique diffusée pendant un don de sang favorise les dons ultérieurs, notamment chez des personnes qui ne sont que des donneurs occasionnels ou des premiers donneurs.

Musique douce : antidouleur

Certaines musiques semblent atténuer la perception de la douleur, par exemple chez le dentiste ou lors d’interventions médicales bénignes, mais parfois déplaisantes. Ainsi, Y. Chan, de l’Hôpital Queen Mary à Hong Kong, a étudié des patients subissant une coloscopie (une sonde est introduite dans le tube digestif). Il faisait subir cet examen avec ou sans musique, puis demandait aux patients de remplir des questionnaires destinés à évaluer la douleur ressentie. On diffusait à ceux qui étaient exposés à de la musique des chansons d’amour au rythme lent. Y. Chan a montré que la musique réduisait l’intensité de la douleur ressentie, ainsi que l’état d’anxiété. Il a constaté que les scores de douleur subjective étaient nettement réduits en présence de musique.

Ces observations confirment des mesures réalisées sur les mouvements ou contractions musculaires involontaires qui accompagnent la sensation douloureuse. De telles mesures révèlent que des adolescentes subissant un examen gynécologique manifestent moins de tensions musculaires (raidissement des muscles des bras et des jambes) ou de comportements de douleur (grimaces) lorsque l’examen se déroule dans une ambiance musicale apaisante.

Musique classique : antiviolence

Comment minimiser les comportements turbulents des élèves dans la cantine d’un collège ? Une expérience inédite a été réalisée par la psychologue Lynne Chalmers et ses collègues, de l’Université du Dakota du Nord : ils ont passé de la musique classique dans le réfectoire et ont observé des résultats tout à fait probants.

Cette expérience a été conduite auprès de 1 000 enfants scolarisés entre le ce2 et le cm2. Pendant une période de trois mois, l’équipe a procédé à des mesures du niveau sonore dans le réfectoire et du comportement des enfants, selon que l’on diffusait de la musique classique ou de la musique pop pendant le repas. Les résultats ont ainsi révélé que, comparativement à l’absence de musique, on observe une baisse de six décibels dans le réfectoire (soit sept pour cent du volume sonore habituel) lorsque l’on diffuse de la musique classique, et dix décibels (12 pour cent du volume sonore habituel) lorsqu’il s’agit de musique pop. Dès que l’on arrête la diffusion de la musique, le volume sonore augmente aussitôt. En ce qui concerne les comportements des enfants, le personnel de service a mesuré une baisse spectaculaire de 55 pour cent des gestes de comportement agressif (coups, jets d’objets), des insultes ou impolitesses, de la mauvaise tenue et du non-rangement des affaires lors du départ. Cette diminution des comportements agressifs ou turbulents s’observe tout particulièrement avec la musique classique. En outre, l’équipe a recensé le nombre d’impacts d’aliments sur les murs en présence ou en absence de musique classique : une baisse notable du nombre d’impacts a été constatée en situation de musique classique. En savoir +


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