Transe – Le son qui m’a le plus surpris, c’est celui qui est sorti  de moi ce fameux samedi soir. Un son qui ne venait pas de mon cerveau mais qui sortait directement de mon corps, de ma poitrine puis du bas de mon ventre. Ces parties de mon corps vibraient et produisaient un son qui m’étonnait, enfin qui étonnait mon cerveau.
Après l’avoir tenu de manière stable, à un niveau constant, je le terminais par un grand souffle, un immense soupir.
Ce fut un soulagement heureux, un moment de béatitude. Il était sorti, exprimé, expectoré. Il m’avait peut-être massé. Loin de toute tristesse post-coïtale, je n’avais rien perdu de moi-même, je m’étais au contraire retrouvé en entier en vibrant d’une seule masse. J’avais été sonné.
En sortant lentement de cet état étrange, je goûtais progressivement à cette impression interne heureuse.
Ce sentiment de réussite fut renforcé lorsque je fixais de nouveau avec toute ma conscience retrouvée,  les yeux de mes amis qui m’entouraient à la fin de ce stage. J’y pouvais lire en miroir, le même étonnement joyeux que celui que j’avais ressenti.  Peut-être que le groupe avait contribué à la création de ce son si spécial. Peut-être, avions-nous tous utilisé mon corps comme instrument de musique. Il était logique alors que la joie de la création fut collective. Ou bien mes amis étaient simplement satisfaits  que j’ai pu réussir et que leur joie était plus altruiste.
Ce fut bon mais isolé, et le souvenir faste est teinté de nostalgie. Il est rare d’être à la fin d’un stage sur la voix au milieu d’un groupe en confiance en sortant pour la première fois un son des profondeurs, mais je n’abandonne  pas l’idée de retrouver  un jour ce triptyque gagnant : son, groupe et amitié.

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