« Si je n’amène pas les gens vers cet état de grâce que je vis ça ne sert à rien de chanter le sacré.« Sœur Marie Keyrouz est l’une des plus belles voix du Liban. Avec l’Ensemble de la Paix qu’elle a fondé en 1984, elle transmet un message de paix et de tolérance. Et quand elle ne chante pas, cette religieuse catholique de rite maronite enseigne à L’Institut International de chant sacré (IICS) à Paris. Elle publie « Voix sacrée » (éd. Bayard), un superbe témoignage de foi où cette religieuse qui a connu des années de guerre exprime le caractère vital du beau et du sacré dans nos vies.
« Le silence, c’est le voyage vers l’au-delà, vers cette quête de sens et de vérité ; même en tant que croyant on cherche toujours…«
SŒUR MARIE KEYROUZ, LE CHANT SACRÉ ET LE SILENCE HABITÉ
À cinq ans elle découvre le pouvoir de sa voix. Un moment précis dont Sr Marie Keyrouz se souvient avec émotion. C’était un Vendredi saint, elle chantait avec sa mère qui subitement s’est tue : la petite fille sur ses genoux a poursuivi seule le chant a cappella. « C’était la première rencontre avec ma voix, avec ma résonnance, j’ai compris le pouvoir du chant et j’ai pleuré. » Depuis cet instant, la religieuse recherche à chaque concert la même émotion. Et le même silence que celui qui a suivi. « Je chante pour avoir ce silence. »
Spécialiste du chant sacré, Sr Marie Keyrouz a su quelle serait sa vocation quand elle a compris que sa voix serait comme « une locomotive pour amener les gens vers cette zone où il n’y a que le silence ». Un silence habité, le silence d’une présence, « une zone où on se sent bien ». « Le silence, c’est le voyage vers l’au-delà, vers cette quête de sens et de vérité ; même en tant que croyant on cherche toujours… »
UNE ENFANCE MARQUÉE PAR LA GUERRE
Sœur Marie Keyrouz a beau avoir vécu des années de guerre, elle reste convaincue de « cette soif d’amour et de rencontres » qui demeure chez les hommes et les femmes de son pays. Née en 1963 à Deir el Ahmar, non loin de Baalbek, elle a grandit dans un village peuplé uniquement de maronites mais entouré de villages musulmans. Une enfance marquée par la guerre mais aussi les réconciliations. « Même si les guerres sont fratricides, dit-elle, elles s’effacent et les haines s’effacent. » La guerre, Sr Marie Keyrouz en parle « en connaissance de cause ». « Nous avons vécu 17 ans de guerres entre musulmans et chrétiens, entre musulmans et musulmans, entre chrétiens et chrétiens... » Toujours, Sœur Marie Keyrouz croira à « l’unité et à la sainteté du Liban ». En savoir +