À travers trois études de cas issues des patrimoines musicaux d’Afrique centrale, cet article propose de définir les différents critères de la performance dans les contextes où la musique est mise en jeu. Les deux premières envisagent une forme de culte complexe que l’on retrouve dans plusieurs populations du Gabon, le culte du bwiti. Elles mènent en parallèle l’analyse du fonctionnement des paramètres musicaux dans le rituel et celle du fonctionnement des paramètres des autres ordres nécessaires (chorégraphique, textuel, spatial, temporel, etc.). La dernière étude, basée sur la transcription et l’analyse musicales, envisage la performance dans l’interaction entre partie instrumentale et partie vocale.

Extrait de l’excellent article de Sylvie Le Bomin, Emeline Lechaux et Marie-France Mifune 

Nous tenons à remercier Frank Alvarez-Péreyre et Jean-Emile Mbot pour leurs lectures attentives de ce texte.

1Etudier les musiques traditionnelles d’Afrique centrale, telles qu’elles se manifestent dans leur contexte de production, amène à s’interroger sur la  nature de la matière sonore, instrumentale et vocale, mais également sur l’ensemble des éléments qui sont mis en œuvre à chaque moment où intervient la musique. En effet, celle-ci est intrinsèquement liée aux données chorégraphiques, linguistiques, symboliques et sociales. Quelles sont alors les relations entre ces différentes données dans chaque contexte où la musique se produit   ?

  • 1  Ce culte est pratiqué au Gabon, au Cameroun et en Guinée équatoriale. Au Gabon, il est communément (…)
  • 2  Ces trois études sont respectivement présentées par Marie-France Mifune, Emeline Lechaux et Sylvie (…)

2Nous traiterons de cette question à travers trois études de cas. Les deux premières concernent le culte du bwiti dans deux populations du Gabon, les Fang et les Tsogho 1. La première d’entre elles fait apparaître le rôle essentiel de la musique dans la construction du rituel ainsi que le lien entre musique et signification au cours de la per formance dans le culte du bwiti chez les Fang. La seconde présente les règles de la performance dans le bwete disumba a biomba des Tsogho, et montre quelles sont les relations entre les catégories linguistiques, musicales et chorégraphiques. Enfin, la troisième étude illustre le rapport entre la réalisation instrumentale et la réalisation vocale chez les Banda Gbambiya de République Centrafricaine, d’une part, et chez les Téké du Gabon, d’autre part 2.

3Nous verrons que l’analyse des relations entre les données musicales, chorégraphiques, linguistiques et sociales révèle toute la complexité des objets que nous étudions ici, dont la musique n’est qu’une des parties constitutives. Cette analyse permet de mettre au jour les principes théoriques implicites qui régissent la production musicale. Ce sont ces principes sous-jacents qui établissent, à différents niveaux, la frontière entre le permanent, cadre servant de repère collectif, et la création, impulsée individuellement dans l’instant même où la musique se produit.

Après avoir présenté ces trois études de cas, et en guise de conclusion, nous esquisserons une synthèse dont l’objectif sera d’exposer les différents éléments constitutifs de la performance, tels que ces études les font apparaître. En savoir +

 

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